Samedi 30 juillet 2016
Continuons un peu l’épopée Manevaï. On en était à l’épisode de la Garde Montée Canadienne. Le staff nous a très bien accueillis et un homme en particulier s’est bien intéressé à la nature de notre voyage maritime. Nous serions le troisième bateau étranger à s’être enregistré et dont les intentions annoncées sont de faire le Passage du Nord Ouest. Il y a un néerlandais (qui aurait déjà fait demi-tour à Resolute) et un allemand (qui y serait déjà arrivé visiblement). Notre visite de Pond Inlet a été rapide. Un moment mémorable à noter est l’apparition d’une baleine franche juste devant nous dans la baie, qui, je l’apprendrai plus tard par une locale dénommée Rebecca, était une femelle qui nourrissait son petit baleineau (invisible pour nous). Nous avons gravi une belle côte pour arriver au supermarché faire le plein de frais. Rebecca m’y dépose dans son SUV. La classe. Arrivés au supermarché, on se rend compte que ce dernier n’a pas été approvisionné en frais depuis un bon moment. Il y aurait eu une belle tempête et les avions affréteurs n’ont pas pu décoller et livrer la ville. Nous marcherons jusqu’au deuxième supermarché qui proposait plus de choix. On trouve notre bonheur et nous dépêchons de repartir manger sur Manevaï. Il est 15h30 et Eric a RDV à 16h pour remplir les jerricans de gazole, à terre. Je repars avec lui vers 17h essayer de choper un peu de WiFi à la bibliothèque/centre culturel local. Pas de chance : c’est leur jour administratif et ils sont fermés. WiFi dispo de 13 à 17h le lendemain … Un jeune garçon super sympa nous laisse visiter leur salle d’exposition qui montre la faune locale et raconte un peu la culture des locaux. Je retiendrai une de leurs pensées que je trouve géniale : « Les Inuits pensent que si quelqu’un reste au même endroit trop longtemps, la terre se réchauffera et libérera la maladie, le chaos social et la criminalité. Si la coquille de la Terre est cassée et endommagée, cela engendrera du très mauvais temps et on entendra la mort se propager de partout. » Nous sédentaires, ça fait des décennies qu’on casse des coquilles, de quoi faire des omelettes éternellement. Eric demande où sont les bons spots pour observer des narvals (narvaux ?). Il nous montre sur la carte : c’est derrière Ragged Island. On y sera le lendemain soir. On décide de partir mouiller dans un endroit sympa le soir, à Cape Hatt, car c’est sur le chemin. On y arrivera tôt le matin suivant, vers 3h. Nous faisons des quarts d’une heure. Nous sommes si proches du pôle magnétique que le pilote a perdu le nord pour ainsi dire, il ne tient plus le cap donné. Les quarts d’une heure, c’est pas cool, on a à peine le temps de s’endormir par épuisement qu’on nous tire déjà les pieds pour sortir du « sleeping ». (Je me canadiennise, un peu). L’environnement de Cape Hatt est désespérément désert, dixit Philippe. Il y a un tout petit campement d’été constitué de deux petites baraques et quelques débris sur les rivages. Nous sommes entourés de grands sommets, nous sommes au calme et bien protégés.
On repart le lendemain, le 29 donc vers « Narvalland » à défaut de « Candyland », quelle frustration de ne pas avoir pu observer quoi que ce soit (à part des oiseaux). On mouille le soir à côté d’un petit bateau moteur de 9 mètres au pavillon canadien. « Welcome to the inkorage » dit-il à la VHF. On dit « anchorage » en anglais pour mouillage et à entendre son accent, ce monsieur est australien. Lui restera dans le coin un petit moment avant de repartir au Groenland. Il a vu le bateau allemand nous précédant. Il nous dit que c’est une bonne année pour les glaces. Cool.
Aujourd’hui, nous avons levé l’ancre à 07h du matin pour remonter le Navy Board (d’où le titre de cette publication). Nous mouillerons à Tay Bay ce soir, au moment où je vous écris (dehors, il fait grand soleil), nous sommes à une petite dizaine de nautiques. Les paysages sont spectaculaires : de grands canyons fendant le terrain, des glaciers plongeant dans la mer, des sommets abruptes, toujours aussi enneigés et, toujours aussi peu d’icebergs