Nous avons eu l’intention de visiter la cathédrale orthodoxe Saint Michel, malgré la saison nous avons trouvé portes closes.
Nous avons continué vers le Bishop House Museum. Dans un américain incompréhensible, (mashed potatoes langage), la guide en tenue de ranger a expliqué que nous pouvions visiter le bas de la maison librement. Nous avons donc commencé par le basement, technique de construction, d’isolation, les murs en planches de bois, isolés, peints en grossier trompe l’œil de granit, seule la partie feux de la cuisine était prévue en murs de pierres.
Nous avons rejoint la guide qui heureusement avait laissé son tour à une jeune fille souriante parlant un américain plus facile. Nous avons admiré le confort de cette demeure coloniale de 1842, maison de fonction, doubles fenêtres, panneau de briques peintes en blanc renvoyant la chaleur du conduit passant à l’intérieur , la salle à manger et son service de table chinois (chromo), le samovar et le portrait du tsar dans le salon, l’ornementation de la chapelle.
Tous les papiers peints refaits à l’identique étaient d’origine française. « Saint Innocent de l’Alaska ». Ce bishop canonisé en 1997, a toute une histoire. Innokenti Veniaminov, 1797-1879. Né à Irkoutsk, envoyé en 1823 comme missionnaire dans les Aléoutiennes, nommé à Sitka en 1834. Il y fait un travail remarquable, il s’intéresse à la culture tlingit, il réécrit pour eux les évangiles, il parle différentes langues, il administre la région. En 1840 il est nommé évêque du Kamtchatka, des îles Kouriles, des Aléoutiennes et de l’Alaska, tout l’est de la Russie. En 1868 il est nommé Métropolite de Moscou et de toute la Russie.
Salon avec samovar et portrait du Tsar.
Un petit clin d’œil à mes amies du groupe de lecture : La librairie, où nous retrouvons Paul le Français travaillant à l’Hôpital où Eric s’est rendu fin avril, expose sur ses rayons « Toute la lumière que nous ne pouvons voir ». Mieux qu’un roman de hamac, plongez-vous dans cette histoire basée à St Malo pendant l’occupation allemande.
Et attirée par une bonne odeur de gâteau, au fond de la « Bookshop » j’accède au « Back Door Café » où j’admire une exposition de quilts, modestes par leurs proportions mais ravissants.
La cabin de Morgan et Hunter, la petite maison rouge sur la grève.
Elle est kiné dans les 2 hôpitaux, celui créé initialement pour les natives en contrepartie de la mainmise sur leurs terres, et l’autre réservé aux colons. Depuis 2008 les 2 hôpitaux sont complémentaires.
Son mari est à la pêche pour 2 jours. (En fait il est bien parti 2 jours, a rapporté 2 grosses morues lingues mais a certainement dépensé plus en gazole que la valeur de ses 2 poissons). Une petite maison s’appelle une « cabin », même en été le confort y est relatif. Les murs ne sont pas tous isolés, dans la chambre le premier hiver le vent passait par les nœuds du bois des murs, et il n’y avait pas d’abris pour faire sécher le bois, résultat la pièce était envahie de fumée sortant du poêle, la salle de bains bénéficie par contre d’une baignoire luxueuse. L’accès à la cabin n’est pas facile, le terrain est détrempé, la voiture doit être laissée plus haut. La vue est magnifique c’est tout. Un soir le retour à marée haute, sans éclairage, a été un peu compliqué : marcher à la limite de la mer sur des rochers pentus pour rejoindre l’annexe. Non, pas question de prendre un bain pour rejoindre le bateau ni de remplir nos bottes d’eau salée.
Frances a notre âge, elle est d’origine anglaise, elle est très dynamique, bricoleuse hors pair, son voilier par exemple: 2 ans de chantier, électricité, moteur, boiseries. Ses escales ? C’est aux quelques souvenirs exposés dans la maison que nous mesurons les nautiques parcourus, coussins et tapis de Turquie, tapas des Tongas… Son atelier est une pièce sous le toit dans une autre maison : tour à bois, scie électrique, raboteuse…Erik est installé en dessous, gros outillage pour lui.
Krystina anglo-saxonne puisque de père allemand et de mère anglaise. La trentaine, mariée à Erik en plein hiver, février il y a 18 mois. Plus discrète, efficace en tout. Fukimi et elle préfèrent naviguer avec Frances, le confort du bateau y est sans doute pour une bonne part. Et nous apprendrons en janvier 2018 lors d’un séjour du jeune couple à la maison que Krystina est américaine, née à Hawaï. Car Erik est à la recherche d’un bateau pour le Vendée Globe 2020 et vient rencontrer Jourdain à Concarneau.
Erik néerlandais, le plus facile à comprendre, toujours calme, toujours souriant, heureux de voir rentrer son copain français après son aventure cardiaque. Il a toujours navigué, a traversé le North West Passage en 2015 avec des équipiers de conserve avec le voilier des dames. Et se prépare pour le Vendée Globe de 2020.Les deux jeunes ont suivi une formation médicale et sont bénévoles chez les pompiers et dans le service d’urgence des hôpitaux.
Fukimi le Shikoku ken, non ce n’est pas un nom de champignon !
Une vue de la maison dans la propriété de nos amis. Thimbleberry Bay. A gauche sur 2 niveaux les workshops.
Au cas où vous seriez tentés par une saison en Alaska voici le site to rent the house : « Sitkatravel.com Thimbleberry Bay House ». La maison de Frances, Cristina et Erik, pas la cabin au fond du jardin !
Ce matin au réveil, surprise il pleut ! Et oui “à Sitka même dans les mois les plus secs il y a beaucoup de pluie “. Mais courageux Loïc et moi décidons une visite au Sitka National Historical Park. Eric reste installer un nouveau moniteur arrivé hier par la poste, nous préférons le laisser cogiter au calme avec son nouveau joujou. Joujou indispensable pour la navigation. Je regrette de ne pas avoir emporté de DVD car c’est à présent du grand écran sur la table de navigation.
Il crachine, je sais vous souffrez beaucoup de la chaleur en ce moment, venez nous rejoindre, ici réhydratation assurée. Mais nous avons bien joué ce matin ; pendant qu’il pleuvait nous étions à l’intérieur du musée des totems et ensuite sans bruine nous avons joué à cache-cache avec les touristes du paquebot arrivé ce matin.
Corbeau, aigle, ours, loup sont les emblèmes représentés sur les totems.
Le corbeau pour les Tlingits et autres tribus de la côte ouest fait partie de leur vie. Plus intelligent que l’aigle il est à l’origine et au commencement du monde autour d’eux. Chaque habitation se devait d’avoir son totem et le « potlatch » (pendaison de crémaillère locale) réunissait les familles voisines. Tout était partagé, donné, vivres, fourrures, lainages tissés. Et les histoires de famille, généalogie et les hauts faits claniques étaient ainsi sauvegardés par la tradition orale. La soirée se terminait par des danses et des chants. Le lendemain les familles réembarquaient dans leurs kayaks et retraversaient le bras de la rivière ou la baie. Pour en revenir aux Totems les pigments bleu, vert, noir, rouge étaient extraits de minéraux et les œufs de saumon écrasés en purée et mélangés à la salive humaine servaient de liant et de fixateur. Pas de pinceau sophistiqué pour étaler la couleur, un bout de bois assez large au bout duquel lequel étaient coincés quelques poils de fourrure d’animal faisait office de brosse.