A présent nous sommes à Fakarava. Nous avons bien marché, moteur et spi conjointement. Et à 15h30 nous sommes devant la passe sud de Tumokohua. Un des spots de plongées les plus appréciés au monde, il paraît que c’est très beau en dessous, les dinghys de surveillance font le guet pour protéger leurs clients qui viennent se créer quelques frayeurs au milieu des requins. Cette passe est unique au monde pour sa multitude de requins nombreux en période de fraie des Mérous.
Tout proche de la passe le village de Tetamanu.
Nous nous sommes offert le luxe d’arrêter le moteur et d’arriver au mouillage d’Hirifa à la voile.
Eric n’aime pas ce mouillage il y a trop de monde: 6 monocoques dont les amis brésiliens d’Arthi et 4 catamarans dont Lotus, plus un club de plongée ou de loisirs nautiques. Très belle plage de sable blanc qui protège une lagune sur notre droite, le skipper est tenté d’amener Manevaï derrière le banc de sable, observons d’abord la marée basse et la marée haute. Non nous ne tenterons pas. Aucun Paumotu visible aux jumelles, les voileux sont là pour le kite, profiter de la plage et du petit restaurant.
Nous n’avons rien pêché et ce n’est pas dans l’atoll que nous allons mettre des lignes, le poisson a la gratte ici.
J’ai bien reçu les whatsapp en entrant dans l’atoll mais impossible d’envoyer quoique ce soit. Le dîner a été cuit en mer, une moussaka sans agneau, deux pots de sauce bolognaise remplacent le mélange agneau sauce tomate. Un délice.
Pakokota, à hauteur de Tapehoku. On remonte vers le nord en suivant les balises vertes et rouges.
Ça chasse …
Alors petit Noddi, repu?
Nous attendons Agnès et Matthieu qui tiennent le petit lodge, ils sont partis à la ville. Nous aimerions bien qu’Agnès se charge du linge et nous n’osons pas nous servir de la machine à laver. En soirée ils sont là et nous prenons un pot dans leur salon-bar avec leurs enfants. Nous y croisons le chanteur Antoine, enfin anciennement chanteur, nous n’avions pas reconnu son catamaran jaune. Il joue un peu de sa notoriété mais est sympa. Nous savons que le mara’amu va se lever et ne tenons pas à danser au mouillage. Un petit moment passé avec Myriam et Alain sur Alaia avant d’appareiller. Merci Alain pour le délicieux poisson pêché du matin. Nous leur vantons les mérites du guide touristique de Patrick Bonnette et Emmanuel Deschamps trouvé chez Matthieu. Guide dont sont tirées toutes les informations éditées dans les guides suivants, (comme un copier-coller).
Rotoava. Ça y est nous sommes mouillés devant le village. Encore un quai en béton, une darse pour les poti marara, (embarcations légères très motorisées), darse rarement calme, une épicerie et une future station pour le carburant. De grands drapeaux dans le jardin de la mairie pour monsieur l’administrateur en visite aujourd’hui.
Il paraît que M. Macron doit passer l’année prochaine et que les drapeaux seront encore plus grands, la question est : son épouse viendra-t-elle ? Découverte du bourg. Comme ailleurs l’internet est plus performant devant la poste, les moustiques aussi. Une rue principale toute proche du lagon, deux épiceries, une église…
une boutique de perles. En continuant vers le sud nous admirons une galerie d’art et arrivons sur la grande route chez Fakarava Yacht Services. Un accueil super agréable de Stéphanie tout sourire, Aldric est plongé dans la mécanique du minibus, nous ne le dérangeons pas. Une terrasse pour s’installer avec le wifi, le service de laundry, le transport d’équipiers…Et leurs deux filles qui rentrent de l’école en vélo.
Arrivée du Wind Spirit, un 4 mât qui pourrait être l’ancien Club Med.
Stéphanie nous a indiqué que les exposants d’artisanat seraient présents sur le port. Nous ne manquons pas d’y faire un tour et de faire quelques emplettes en prévision de Noël en métropole. Bien sûr nous passons la saluer à son stand de location de vélos pour les passagers débarqués du yacht. L’après-midi nous sommes devant l’écran de l’ordinateur pour commencer notre liste au père noël : une machine à coudre pour Manevaï. La détente vient avec la visite surprise d’Elodie et de Julien de Lotus.
Le lendemain matin il faut changer de mouillage, aux mouvements de Manevaï nous sentons bien que la chaîne ne rappelle pas souplement, elle est effectivement prise dans des coraux. Puis courses de légumes en annexe, retour au bateau et enfin chez Fakarava Yacht Services pour louer les vélos.
Découvertes de l’île.
La route que nous empruntons avec nos vélos a été construite spécialement pour le séjour de M. Chirac dans la villa de son copain M. Gaston Floss. Premier arrêt « Poeata Créations », (Poe signifie perle et Ata nuage) où le propriétaire et son épouse nous reçoivent dans leur jardin sur leur terrasse au bord de l’eau et nous expliquent les différentes phases de la culture de la perle.
Nous sommes sous le charme du monsieur originaire de Makatea qui nous raconte l’exploitation de l’huître ou plutôt de la nacre et nous parle de son enfance à Makatea.
Puis repas au snack Korikori sur l’eau, délicieux repas de poisson, un requin nonchalant animant la surface.
Visite d’une ferme perlière « Hinano Pearl » où notre guide cette fois ci nous montre comment se pratique la greffe et nous parle du travail en amont et en aval de celle-ci.
Merci à nos hôtes d’avoir pris le temps de nous expliquer la récolte, la greffe, la remise en eau, la surgreffe, le keishi, la baroque…
Retour au Yacht Services pour rendre les vélos et prendre livraison du linge lavé, remercier nos hôtes de leur gentillesse.
Nous n’avons pas connu un mouillage très abrité les deux derniers jours passés à Rotoava, un petit mara’amu (vent du sud) nous a plus que bercés, il aurait fallu redescendre sur Hirifa pour être protégés. Nous avons rempli nos jerrycans grâce aux grains qui accompagnaient ce vent.
Il fait assez frais le soir, les Paumotus ont froid la nuit.
« Hinano » est une contraction de « Hei » couronne et « Nano » une fleur qui décore les couronnes.
Nous avons quitté ce matin le village de Rotoava à Fakarava après deux navettes pour recharger en eau et une tentative à l’extérieur de l’OPT pour obtenir du Wifi. Heureusement que nous n’ayons rien pu faire car nous aurions raté la marée, c’est à dire la sortie de la passe. Nous étions déjà en retard et la drisse de grand voile ayant décidé de s’envoyer en l’air, nous avons encore pris du retard. Mais cette passe nord est assez large et ce ne fut pas trop rock and roll.
Toau. Les rencontres!
Temps gris et voiles réduites pour ne pas arriver trop tôt dans la passe de Toau. D’après les calculs nous y étions en avance mais déjà le courant était sortant alors que nous devions avoir du courant entrant. Tentative de pêche pendant la traversée mais rien au bout des lignes, dommage.
Après avoir été découvert par James Cook en 1774, le navigateur russe Fabian Gottlieb von B. y pose son ancre en 1820 et en 1838 Dumont D’Urville visite l’atoll qui deviendra territoire français. Il y avait 90 habitants à l’époque qui vivaient essentiellement de la production d’huile de coco.
Mouillage sud. Le camp . Tout d’abord le mouillage, abrité du vent, la lagon est calme très beau, plage blanche de sable et de maërl, du corail en fleurs qui ferait une délicate couronne de mariée…
quelques cases habitées occasionnellement pour le coprah, une truie qui aimerait qu’Éric lui ouvre un coco.
Et puis trop de voiliers, un ovni et deux catamarans dont Lotus, nous montons au mouillage nord. Eric plotte toutes les patates non répertoriées sur les cartes numériques.
Toau vivait de la pêche, du coprah, de l’élevage des huîtres perlières mais lors de notre passage il n’y avait personne au camp du mouillage sud, nos amis Morton et Angelo établis au mouillage nord et Valentine et Gaston à l’anse Amyot. Plus de nacres, le coprah par intermittence, et la pêche? C’est le projet de Morton.
Petit poisson ne deviendra pas grand. Il gît blessé à côté du pointe noire énervé.
Chouette des crabes, bof ils ne sont pas comestibles, dommage Eric avait réussi à en « choper » une douzaine.
La Rencontre! Nous arrivons discrètement au campement que nous avions discerné sur le bord de la plage. C’est d’abord une chienne Pâni qui aboie puis une voix enthousiaste de stentor qui nous accueille avec un grand sourire. Morton ! Un grand gaillard souriant, « venez, vous êtes les bienvenus ». Un terrain nettoyé, une grande tente de l’armée,
des bidons bleus de 100 litres, des réserves d’eau récupérée par les toiles tendues, un hamac à moustiquaire, des poubelles pour le tri, un congélateur qui pour l’instant n’est pas branché. Sur l’eau 3 poti marara dont un doté d’un puissant moteur. Nous sommes chez les pionniers!
Morton est mi-maori mi-paumotu né en Nouvelle Zélande, c’est lui le chef d’entreprise, Angelo est mi-tahitien mi -japonais… Ils se sont donné deux ans pour installer une exploitation de pêche lagonaire. Aujourd’hui il n’y a rien dans deux ans si tout va bien il y aura des filets dans le lagon, les nasses dans la passe, un entrepôt avec congélateurs et toute la logistique qui va avec. N’oubliez pas que nous sommes sur un atoll inhabité, la tâche est gigantesque mais le travail abattu depuis un mois et demi est impressionnant.
Pâni leur chienne vient d’être adoptée. Pâni signifie marmite en tahitien mais ni Morton, (l’un de ses frères peut-être…), ni Angelo ne mangent de chiens.
Angelo derrière râpe du coco et vient bavarder avec nous. Nous sommes environnés de fumée, à cette heure-ci les moustiques frappent fort.
Nous sommes invités à passer la journée de dimanche avec eux, c’est relâche dans leur semaine de forçat.
Pêche aux bénitiers, les lèvres de bénitiers se repèrent facilement à 50cm de la surface, elles sont de velours cramoisi, émeraude ou lapis-lazuli.
Il faut enfoncer la clé à bougie entre les lèvres du coquillage, triturer jusqu’à ce qu’il sorte de sa gangue de corail. Une murène défend sa patate, sous l’eau avec un masque elle semble énorme, une jolie tortue passe discrètement entre nos jambes.
Retour en barcasse au camp et sur la plage nettoyage des mollusques.
Angelo, c’est lui le cuistot, passe vérifier le travail.
Et à midi nous dégustons un taioro, chair crue de bénitiers mélangée à du coco macéré toute la nuit dans du jus de Bernard l’ermite. J’ai prévu le gâteau bananes. Notre café leur semble un peu léger.
L’après-midi balade sur le platier à la recherche des bornes du terrain de Morton. La quincaillerie est ouverte même un dimanche, on ramasse du bout, une balise, des flotteurs: les fameux poïtos, (flotteurs utilisés pour soutenir les chapelets de nacre des fermes perlières) à mettre sur la chaîne pour qu’elle ne se prenne pas dans les patates de corail. Trouver le tracé de l’allée qui ira du récif à l’entrepôt. . C’est fou ce que l’océan transporte en déchets, la plupart étant estampillés Amérique du Sud.
Le soir vers 18h nos amis sont à bord avec le dîner : Curry de bénitier et riz.
Lundi matin pêche à la foène sur le récif à marée basse, la récolte est bonne, le pêcheur est avisé. Il devine les caches des perroquets et mérous dans les anfractuosités du corail. Il poursuit le poisson avec son harpon dont il se sert quelque fois comme une lance ou fouille l’intérieur des trous. L’eau est transparente les poissons ont du mal à se dissimuler mais sont rapides en fuite.
Nous les laissons l’après-midi et les recevons à bord le soir. Quiche au thon, pâtes pour nourrir ces travailleurs de force et cake aux fruits.
Mardi matin nous laissons Angelo à la pêche en apnée et continuons vers une propriété où Morton est autorisé à se ravitailler en eau.
Une grande antenne rouge pour les communications téléphoniques toujours en fonction. D’ailleurs Morton et Angelo pour téléphoner viennent en poti marara derrière notre bateau pour être plus proches de l’antenne qui est située à 5 nautiques, ils sont ainsi dégagés des cocotiers qui font écran à la propagation des ondes. Nous avons rempli les 40 bouteilles du camp et nos 3 jerrycans nous pouvons rentrer récupérer notre plongeur. La récolte est bonne. Eric essaie de le seconder mais son bilan est moins bon. Nous les laissons à leurs préparatifs de départ, Morton quitte le camp 15 jours et Angelo l’accompagne sur Fakarava cette après-midi. Nous leur disons vraiment au revoir à bord, ils passent prendre un café et un dessert. Une fois nos amis partis nous nous sentons bien seuls. Nous jouons aux gardiens du camp et de Pâni qui nous fait des joies le lendemain matin. Elle ne sera pas seule longtemps, Angelo revient dans l’après-midi avec un des frères de Morton.
Nous n’avons qu’une envie revenir les voir, admirer l’avancement des travaux : l’entrepôt, le terrain, les chemins d’accès, les plantes semées et reprendre nos échanges.
Le soir apéritif à bord avec Béatrice et Jean- Philippe que nous espérons revoir à Papeete. Ils vivent sur leur voilier en alu depuis des années tout en travaillant.
Anse Amyot.
Nous y arrivons pour nous mettre à l’abri. Nous savons qu’un coup de vent se prépare. Nous sommes à l’extérieur du lagon de Toau, la mer est cassée par le platier. C’est Valentine qui décide sur quel coffre nous allons amarrer Manevaï. Nous avions l’intention d’aller plus loin mais il n’y a pas beaucoup de fond et beaucoup de surface est encombrée par des parc à poissons.
Effectivement pendant 2 jours amarrés au coffre avec en plus notre ancre en plomb de sonde nous subissons des rafales à 40 nœuds. Durant la deuxième nuit Valentine a été réveillée par une voix, Gaston prévenu, a d’abord vérifié que les 3 voiliers n’avaient pas de problèmes puis il a constaté que le portique soutenant ses deux bateaux s’était effondré. Ouf les deux poti marara n’ont subi aucun dommage. Pour reconstruire son portique il sera obligé d’aller près d’un lac dans le lagon chercher du bois.
La frégate apprivoisée de Gaston.
Le baromètre enregistreur n’affiche rien de plus que les ondulations habituelles. La mer va être bien formée lorsque nous déciderons de repartir. Les premiers amis arrivent vendredi et nous comptons quitter l’anse dimanche matin pour traverser vers Tahiti et faire les courses. Aujourd’hui samedi le BMS est maintenu jusqu’à 16h, vers 10h nous espérons l’accalmie mais les rafales à 25-30 nœuds reprennent.
Valentine est arrivée ici à l’âge de 8 mois, bien sûr elle est allée à l’école à Rangiroa. Elle tient la pension et un restaurant où nous pouvons déguster poissons et langoustes à la belle saison. Mais en ce moment c’est morte saison et repos pour elle parce que “le médecin, il a dit à Valentine, qu’il fallait qu’elle ralentisse”, Gaston lui, va à la pêche, s’occupe de ses bateaux, du terrain et tous deux jouent à la pétanque. Cadeau de bienvenue : deux parts de délicieuse tarte meringuée. Et la pêche c’est entr’autres dans sa concession de parcs à poissons d’où il sort des perroquets, des mérous, tiens un requin ! Oust ! Remis à l’extérieur des nasses.
Tous deux sont sont adorables et nous reviendrons les voir en leur apportant café, bières et eau minérale. Leur régime est constitué de poulets, poissons et un cochon de temps en temps mais là il faut être nombreux ou avoir un congélateur ce qu’ils ont bien sûr, l’électricité étant fournie par le solaire.
Nous n’avons pas pu faire de snorkeling, nous sommes arrivés ici il y a 3 jours pour nous mettre à l’abri et le coup de vent prévu était là le lendemain. Rafales à 40 noeuds, le mouillage sur coffre (plus l’ancre en plomb de sonde) a bien tenu, le bateau ne bougeait pas, toujours face au vent et n’a jamais évité.
Il fait presque nuit ce qui surprendra certainement nos futurs équipiers, la nuit arrive à 17.30.
Nous quittons l’anse Amyot demain aux aurores pour 36 heures de navigation. En espérant pêcher bien que Valentine et Gaston nous aient offert des filets que nous entamerons ce soir. Il faudra peut-être enfiler les cirés demain mais le gros temps est passé. Il a beaucoup plu, beaucoup venté mais j’ai quand même quelques belles photos.
Il va falloir renouer avec la vie citadine qui a ses charmes quand même, le marché, l’artisanat et un Carrefour pour faire un gros plein. Nous ne savons pas si nous serons au mouillage ou au ponton, on ne peut pas réserver donc nous verrons en arrivant ou le lendemain.
Nana