Route de Puteri Marina, Johor Barhu, aux Anambas.
Route aux Anambas.
De Puteri marina nous avons contourné Singapour par le sud et nous nous sommes dirigés vers les Anambas, c’est un petit archipel indonésien situé entre La Malaisie Insulaire et la Malaisie Péninsulaire (que nous venons de quitter). Après 36 heures de mer (et un petit thon obèse), Eric choisit un mouillage dans lequel nous nous faufilons de nuit, Pulau Ayam. Les Bagan sortent tous feux allumés pour une nuit de pêche. Au matin, nous découvrons la petite baie dans laquelle nous avons dormi, elle est superbe. Nous nous enfonçons un peu plus entre les patates de coraux pour travailler au calme en haut du mât, une poulie à changer.
Bon, il faut quand même remplir toutes les formalités d’entrée dans ce nouveau territoire.
Nous sommes en contact avec Isky à Tarempa qui nous facilitera toute la paperasse. A l’entrée de la baie, une gigantesque mosquée, elle semble récente.
La route la contourne, cette route dessert quelques villages situés à l’est et au sud et les relie à la ville. C’est un défilé de scooters à 2.3 ou 4 personnes, sur la voie qui borde la rade, elle aussi comme la moitié de la capitale est sur pilotis.Cest aussi la voie où s’entrainent les engagés de la base marine.
Nous craignons ce mouillage, 17m de fond, nous le savons très encombré d’objets de toutes sortes. Réception des autorités à bord. Un des douaniers aimerait que nous approchions Manevaï du quai car il a peur en annexe. Il ne connait rien aux pilotage, Eric lui explique qu’il ne bougera pas le bateau, donc tout le monde repart en annexe. Et chanceux en plus car le lendemain la météo n’étant pas la même, les fonctionnaires auraient été bien mouillés avant le retour à terre. Isky nous montre la ville, c’est vite fait,
et s’occupe de notre dossier.
l’important pour nous est de trouver le marché,
une supérette et une carte SIM pour recevoir la météo et les WhatsApp. Rien à faire, nous ne pouvons pas enregistrer nos téléphones contrairement à ce que nous avions fait en juillet à Debut. Nous allons utiliser le roaming sur nos cartes SIM de Singapour et malaises. Nous montons vers les églises, une protestante, une catholique,
plus quelques mosquées modestes,
nous admirons un grand temple chinois plus loin… Les rues sont très étroites au-dessus de l’eau mais il n’y a pas d’accrochages de scooters.
C’est le seul moyen de transport, avec les petites navettes maritimes régulières.
Quelques voitures ont fait leur apparition , pour l’instant réservées aux politiques mais il faut que les infrastructures se développent.. 17000 habitants ici en ville, tous adorables et souriants. Une femme nous a demandé un selfie et les enfants nous ont interpellés «Hello mister », nous en avions perdu l’habitude.
Nous nous étonnons de voir un beau voilier rouge “Aphrodite” mouillé, manifestement en attente de quelque chose. Il a un problème de papiers. Nous aurons le fin mot de l’histoire quand nous apprendrons que depuis le 1er juillet 2024 l’Indonésie n’accepte plus les changements d’équipage. Tous les navires, (loi étendue aux voiliers), se doivent d’entrer et sortir du pays avec la même liste de membres. Le skipper essaie de solutionner son problème, un de ses passagers a quitté le territoire sans se soucier de cette nouvelle loi. A priori cela se terminera par une amende. L’Indonésie est un pays tout en longueur sur des centaines de km, un équipage de voilier ne peut rester à bord aussi longtemps que l’exige cette traversée à moins d’être le propriétaire du dit voilier. Il faut espérer que les autorités reviendront sur cette nouvelle règle.
Plein nord, nous embouquons un chenal bordé de villages sur pilotis. Nous comprenons mieux pourquoi il y a tant de navettes de 10 à 16 personnes qui entrent et qui sortent de Tarempa. Toutes les communications se font par la mer.
Et en fin d’après-midi nous sommes dans un abri, seuls. Pulau Mubur. Pas de vent, de la végétation, une plage assez propre, des reflets dans le lac. Mais pas d’animaux. Splendide. Une nuit au calme, pas de bruit et rien ne bouge.
On continue et après une courte distance, nous sommes mouillés dans une petite baie Pulau Matak déjà occupée par un Bagan et le catamaran Soggy Paws.
Là, je prépare le repas du siècle une rougail de crevettes. Je les ai entièrement décortiquées et assaisonnées. Un régal.
Un coup de vent de 35 nœuds arrive juste après le repas. Manevaï chasse vite, pourquoi donc ? Le fameux Code0, la voile toujours ferlée à l’avant s’est ouverte en partie haute et entraine Manevaï qui gite très fort. On essaie de la redescendre sur le pont, la drisse m’échappe des mains, le code0 part à l’eau, il est toujours maintenu à son point d’amure à l’avant, il reste à le ressortir de l’eau, à le ficeler sur le pont, je suis allongée dessus, pendant qu’Éric lance le moteur et relève le mouillage. Visibilité sous le grain nulle. Mais nous savons que nous sortons de la baie, ce qui déjà est rassurant, pas de cailloux derrière, ni sur les côtés. Et nous reprenons la route Nord puis Est cette fois-ci. Penjalin Besar. Une nuit à peu près calme avec la crainte d’être obligés d’appareiller si le vent change de sens.
Pulau Mandarialaut. La baie est assez grande mais impossible de s’avancer plus. Les fonds remontent très vite. Au matin nous décidons une balade à terre. Quelques traces de varan sur le sable ne me donnent pas du tout envie de continuer. Heureusement pour moi, le bush est trop dense pour s’enfoncer et aller voir le lagon de l’autre côté. Je préfère, bien à l’abri dans le cockpit, regarder les va et vient des pêcheurs.
Pulau Badjau. Un joli mouillage avec sur la plage singes et varans. Quelques pêcheurs viennent chercher des bénitiers ou poser leurs filets.
Technique de pêche des bénitiers, le pêcheurs est penché dans son canoé, la tête dans l’eau, il observe le fond avec son masque sur les yeux. L’un deux s’approche de nous dans sa pirogue et nous demande du gazole mais Eric ne peut siphonner notre réservoir. Nous allons lui offrir quelques mètres de bout.
Et au matin chenalage pour arriver jusqu’au village de Teluk Bay, admirer la chute d’eau, essayer de parler avec les habitants qui ne parlent pas anglais. Les enfants viennent facilement vers nous, nous parlent de MBappe.
Ont-ils la télévision ? Pas certains, les antennes satellites servent de reposoirs à linge. Il y a internet et des téléphones. Certains hommes se reposent, ils repartiront en mer cette nuit. D’autres construisent une maison sur pilotis. Ici tout le village est au-dessus de l’eau, au-dessus des détritus, mais derrière lui, dans la montagne, une route le relie à Tarempa.
Bon, il faut se résoudre à quitter cet archipel. Encore un chenalage entre les bouées vertes et rouges qui quelques fois sont en système américain. Retrouvailles avec Isky, paperasses vite remplies … Dernières photos à Tarempa.
et sortie du pays avec un dernier arrêt au mouillage que nous avons tant apprécié. Pulau Badjau.
Nous fêtons les 10 000heures de fonctionnement du Perkins, qui de Quartier-Maître passe Quartier-Maître chef de 1ère classe.
En route vers l’Est.
Pulau Serasan. Un stop pour ne pas passer une deuxième nuit en mer. Une grande plage de sable blanc. Le village est derrière les dunes. Des Bagans sont mouillés en attendant la nuit.
Puis Pulau Lakei. Après un orage phénoménal qui nous a trempés et obligés à réduire la toile (et qui a arraché une pièce de hale-bas), nous visons l’le aux tortues mais trop exposés, nous continuons notre route pour arriver à Pulau Lakei, bel abri minuscule, où nous pouvons enfin poser l’ancre; il est 2h du matin. Nous sommes tout près de Kuching, notre but, mais il faut compter encore 6 h de remontée de rivière que nous préférons faire de jour.
Nous sommes en Malaisie Insulaire sur l’île de Bornéo.
www.manevai.fr
L’activité traditionnelle des habitants des Anambas est la pêche. Plus de 200 îles dont seulement 26 habitées. 37500 habitants en 2010.
Les Anambas possèdent d’importantes réserves de gaz naturel. Le gaz est produit et exporté vers la Malaisie et Singapour. La principale base pétrolière est sur l’île de Matak.
La marine indonésienne entretient une base à Tarempa.