Ichikikushikino. 25 mars. Nous nous faufilons entre les murs d’enceinte de la marina. Nous avions prévu une arrivée à 12H15 mais notre nouveau contact, Mari, nous demande d’arriver plutôt… à 12H30 ! Nous n’en tenons pas compte, estimant que nous pouvons nous débrouiller tout seuls, nous avons beaucoup de réticences à donner une heure d’arrivée précise. Le petit monsieur « maître de port » se précipite vers nous et après un « konichiwa » réglementaire nous demande de régler tout de suite notre place au ponton pour les nuits que nous allons passer ici. Et veut bien se charger de nos poubelles, ouf !
Nous retrouvons Manaia, Hoptoad doit arriver le lendemain. Nous sommes par 31° de latitude nord comme Agadir au Maroc. Mais ce n’est pas la même météo. Aujourd’hui 7° dehors. Temps gris et vent.
Nous sommes surpris de ressentir autant le vent et la mer derrière tous ces remparts de fortifications. Le premier mur d’enceinte, celui de l’extérieur, doit mesurer 8 m d’épaisseur pour 4 m de hauteur. Et il y en a encore deux pour casser la houle.
A Kushikino, nous nous étonnons de voir tant de maisons abandonnées et apprenons que c’est un problème récurrent sur tout le territoire, 9 millions d’akiyas ou maisons abandonnées. La population vieillissant sans héritiers, ces maisons ne trouvent pas de repreneurs. Les Japonais préfèrent le confort des constructions neuves. De plus il faudrait vider les akiyas de leurs meubles et objets et ici se débarrasser des encombrants est très onéreux. Contrairement à l’Europe, ce n’est pas la maison qui vaut de l’argent mais le terrain.
Un soir, tous les 6 nous décidons d’aller au restaurant, nous faisons glisser doucement la porte d’entrée pour constater que l’Izakaya est plein. Un jeune couple qui entre juste derrière nous et qui doit retrouver sa famille déjà installée décide de nous aider à en trouver un autre. Il semble y en avoir beaucoup dans le quartier et la jeune femme va passer 20 minutes au téléphone avant de réussir à réserver pour notre groupe. Voilà la gentillesse du peuple japonais.
Le point fort de notre séjour à Ichikikushikino est la journée dans la ville de Kagoshima avec la visite du musée de la Restauration Meiji puis la balade sur la presqu’île du volcan Sakurajima. Départ de la marina avant 7h, les taxis, commandés la veille par le gentil postier, sont au rendez-vous et nous emmènent à la gare. Là-bas, achat des Cute-Pass qui vont faciliter nos déplacements. Quelques centaines de mètres à parcourir et découverte du musée.
L’histoire de la Restauration de Meiji est liée à celle de Saigo Takamori, Ōkubo Toshimichi, et Kido Takayoshi, fondateurs du Japon moderne.
La restauration de Meiji, seconde moitié du XIXème siècle, correspond au renversement du shogunat, et à la restauration des pouvoirs de l’Empereur, pouvoirs retrouvés en 1868. La restauration de Meiji a été une conséquence directe de l’ouverture du Japon, isolé jusqu’ici par une politique d’isolement volontaire de 250 ans, appelé « sakoku ». Ouverture imposée à la suite de l’arrivée des « navires noirs » des États Unis en 1853*. Elle a permis de transformer l’Empire du Japon en grande puissance. Le 3 janvier 1868, les forces de Satsuma et de Chōshū prennent le palais impérial de Kyoto et proclament la restauration de Meiji. Le triumvirat, Saigo Takamori, Ōkubo Toshimichi, et Kido Takayoshi, forme un gouvernement provisoire. Considérés comme les principaux fondateurs du Japon moderne, ils sont les trois grandes figures de la restauration de Meiji.
Saigō Takamori,1828/1877, né et mort à Kagoshima est un samouraï* japonais. Après avoir été un des fervents meneurs de la restauration de Meiji, avoir joué un rôle important dans le gouvernement, il s’oppose à la politique d’ouverture commerciale vers l’occident qui annonce la fin du pouvoir des samouraïs par l’installation d’un pouvoir civil. Et fort de 40 000 hommes, il mène une rébellion contre les forces du gouvernement. Acculé et blessé au combat le 24 septembre 1877, il décide de faire seppuku (suicide rituel japonais) et demande à un de ses lieutenants de l’assister.
Figure emblématique du film « le dernier samouraï ».
Ōkubo Toshimichi, (1830- 1878), homme d’État japonais et samouraï de Satsuma, province actuelle d’Okinawa, est l’un des héros de la révolution de 1868 contre le shogunat. Assassiné en 1878.
Kido Takayoshi, joue un grand rôle dans l’établissement du gouvernement de Meiji. Grand avocat, il met en place un gouvernement constitutionnel, devient secrétaire de l’Assemblée des gouverneurs préfectoraux. Meurt de mort naturelle en 1877.
Restauration de Meiji.
Cette politique de restauration a permis de transformer le Japon en grande puissance : Industrialisation du Japon, slogan : « pays riche, armée forte ». Le shogunat, les daimyos et les samouraïs doivent disparaitre. Tous les domaines appartenant aux daimyos doivent être rendus à l’empereur, les domaines sont transformés en préfectures avec à leurs têtes un gouverneur nommé par l’état. La classe des Samouraïs représentait 1,9 millions de personnes, ils n’étaient pas seulement des seigneurs mais aussi des politiciens, des agriculteurs, des poètes et avaient une famille. Différentes modifications dans le statut des samouraïs conduisent à des émeutes. Celle de Satsuma menée par Saïgo Takamori aboutit à une guerre civile rapidement matée par l’armée…
Les samouraïs mieux instruits que la majorité de la population deviennent des enseignants, des fabricants d’armes à feu, des fonctionnaires ou des officiers …
…Après la création d’une assemblée nationale permettant aux citoyens de participer à l’exercice du pouvoir, les samouraïs mécontents, les riches agriculteurs et les citoyens, créent le « mouvement pour la liberté et les droits du peuple ». Après plusieurs années de débat la « constitution de l’empire du Japon » est promulguée le 11 février 1899.
*Navires noirs : Ce nom désigne la flotte du commodore Matthew Perry, composée de 4 canonnières, qui arriva ici en juillet 1853. Cette force armée utilisée comme menace contribua à l’ouverture du Japon. La couleur noire fait allusion à la coque des navires, badigeonnée de brai (goudron) de couleur noire.
*Samouraïs : « celui qui sert ». Classe de guerriers nobles apparue au Xème siècle qui fit partie de la force militaire jusqu’au XIXème siècle. Cette classe de guerriers était régie par un code d’honneur très strict « le bushido », ils étaient connus pour leur bravoure et leurs aptitudes au combat. Soldats d’élite hautement entrainés capables de manier l’arc et le sabre…
*Daimyo : Titre nobiliaire japonais pour un gouverneur de province sous les ordres du Shogun du XIV au XIX siècle.
*Shogun : Chef suprême du système féodal. Titre le plus élevé des Samouraïs, nommé par l’Empereur.
*Empereur : Chef de l’état depuis l’ancien temps, actuellement figure symbolique du Japon.
Film : Les Derniers Samouraïs de Kenji Misumi réalisé en 1974,
Film : Le Dernier Samouraï, sorti en 2003, avec Tom Cruise en rôle vedette.
Jeu vidéo : Ryu Ga Gotoku Ishin! /Like a Dragon : Ishin! apparait sous les traits de Saigō .
Shogun : roman de James Clavell, 1975. Séries vidéo 1980 et 2024.
Le volcan Sakurajima, le 11 janvier 1914 une grosse explosion se produit, alors qu’il était endormi depuis un siècle, suivie le 13 janvier d’un puissant séisme qui tue 35 personnes. Le volcan cesse d’être une île lorsque la lave comble le détroit qui la séparait de l’île de Kyushu. Il a toujours une activité éruptive intense, explosive et surveillée, dernière éruption : juillet 2022.
Bain de pieds pour ces dames dans l’eau tiède.
Sato, pour une soirée et une nuit.
Nous prenons le temps de traverser le village. Les maisons et les rues près de la mer sont abritées derrière des murs de pierre. Les accès à la plage ou à la grève se ferment par des portillons épais. Au matin nous ne nous attardons pas, la rade n’est plus du tout abritée et nous nous appuyons très fortement sur nos pare battages qui crissent contre le mur.
Sortie. Admirez les murs.
Akune, 1er avril. Nous remplaçons Hoptoad au ponton derrière trois murs de béton et nous allons y rester quatre jours, le temps que passe un fort coup de vent. Tous les matins une vedette privée vient accoster et emmène des clients pour la pêche à la ligne.
La vie est calme dans cette petite ville qui se meurt doucement.
Beaucoup de devantures métalliques sont baissées et les fresques peintes inspirées des grands maitres de la peinture s’estompent.
Une découverte, celle du Shrine (sanctuaire) en face de notre ponton entouré des derniers cerisiers en fleurs…
La location du ponton se règle à l’avance à la station essence et la jeune femme nous propose de se charger de nos poubelles. Nous passons la remercier avec un gâteau coco, en échange nous recevons de grosses sardines qui feront notre régal le soir même.
En route vers Nagasaki…
Sources : Wikipédia, Ouest France et « Guides Voir » Japon chez Hachette.