Mardi 5 juillet 2016
Nous voyons les côtes groenlandaises, situées à plus de 42 nautiques, depuis hier 1200, heure Oscar. Notre visibilité n’a jamais été aussi claire. Nous surfâmes (pour le style) à belle allure portante une bonne partie de la journée, avec quelques petites pointes à plus de 9 nœuds … Manevaï marche très bien au portant ! Nous avons même tanguonné le Génois. Plus nous avancions vers Qaqortoq, notre première escale groënlandaise, et plus les icebergs se multipliaient. Certains se faisaient discrets au large des côtes montagneuses et abruptes du sud-ouest du Groënland, tels des ballons de football abandonnés et d’autres, s’imposant par leur majesté, nous rendaient humbles et minuscules. L’heure des relevées a sonné pour l’équipaage qui prend note de: la taille de l’engin, sa position, sa portée visuelle, est-il échoué ? (Pour connaître la profondeur d’un iceberg, il faut multiplier par 5 sa taille: une icebergs de 50 m a 250 m submergés ; ainsi, en sachant la profondeur de la mer, on sait s’il est échoué ou pas). C’était le cas pour ceux que l’on a relevés … un stress en moins pour la navigation. Justement, nous avons éteint le « mode Atlantique » pour passer en mode « Arctique », changeant la donne pour les navigations et les quarts: surveillance attentive de l’environnement, veille radar (sur lequel sont pointés nos gros glaçons), des cartes et bien sûre, « achtung » pour les growlers : des « petits » icebergs à peine immergés qui sont visibles souvent au dernier moment vue leur petite taille et qui viennent enquiquiner les vaisseaux un peu fada comme nous, qui osent s’aventurer dans ces parages englacés. RAS pour l’instant.
Après avoir dégusté un bon repas bien consistant afin d’affronter notre première nuit “Arctique” avec vaillance, Eric nous offre tous un petit rhum vieux de la Barbade pour nous encourager. Un digestif qui tient tout son honneur compte tenu des péripéties mouvementées et pas toujours simples de cette traversée de l’Atlantique, sportive. Merci encore Eric 🙂
La brume est tombée dès 2200 : on active le radar. Brume se lève à 0200 et, à lire l’emprunte écrite sur le livre de bord par Philippe, le levée de soleil fut « Magique ! »
Je le crois bien. Le soleil m’a également accompagnée pendant mon quart. Belle mer (à 5.9 °C), parsemée d’icebergs, toujours les côtes dentelées en vue, quelques globicéphales de temps à autre et même, au moment où Eric a pris son quart : des souffles de baleines, observés à 3 nautiques à peu près.
Avec mon jeune âge je peux vous garantir que je n’ai jamais vécu une expérience aussi intense. Manevaï et sont équipage ne sont pas encore au bout de leurs surprises. A bientôt à Qaqortoq.