21 mai, au revoir la Thaïlande en route vers la Malaisie. D’abord une nuit à Telaga, je suis ravie d’y être car j’avais aperçu cet abri en novembre, nous étions venus ravitailler en gazole dans la marina toute proche.
Une semaine à Rebak en marina où nous travaillons sur le code0. Une nuit très confortable dans notre abri secret puis à quelques nautiques notre mouillage de novembre entre Penang et l’île de Jerejak. Les pêcheurs sortent moins, est-ce la saison qui veut ça?
Penang. Position stratégique à l’entrée du Détroit de Malacca.
Son histoire: 1786, après quelques différents entre les Anglais et le Sultan, l’île devient une escale rêvée pour les navires anglais reliant l’Inde et la Chine et sert d’entrepôt pour les marchandises arrivant de Thaïlande, de Malaisie et de Sumatra. L’île est riche en plantations de noix de muscade, de clous de girofle et de poivre. Puis le commerce s’étoffe avec le coco, le sucre, le caoutchouc et l’étain. La main d’œuvre chinoise reste encore rare. En 1801, les Anglais laissent tomber Penang pour se tourner vers Singapour et louent le territoire aux familles chinoises qui la feront fructifier. Singapour devient alors un énorme entrepôt, Penang un énorme tripot! Les Anglais vendent des licences pour des lieux de plaisir comme les salles de jeux, les bordels, les fumeries d’opium jusqu’aux abattoirs de cochons et aux mines d’étain. La guerre entre les sociétés secrètes chinoises est matée en 1867. Le boum du caoutchouc et de l’étain attire des centaines de Chinois, de Malais, d’Indiens et de Birmans, ( Le Petit Futé). .
Nous apprécions beaucoup Georgetown. Ville chinoise à 80%, nous retournons nous promener sur les “Jetty”, elles portent toutes les noms des familles chinoises arrivées ici les poches vides mais avides de faire fortune. Nous marchons beaucoup dans cette capitale, nous avons bien conscience que nous n’y reviendrons pas. “Little India” où je ferais des folies de saris mais je reste raisonnable. Goûter les samoussas, les plats épicés, apprécier cette foule bigarrée. Puis le quartier colonial près du fort de Cornwallis. De beaux bâtiments peints en blanc, de belles pelouses vertes, très british tout ça, (domination britannique jusqu’en 1957). Et à l’ouest le quartier des Babas Nyonya (Chinois qui se sont mariés a des femmes locales), des Thaïs et des Chinois aisés.
10 juin, nous sommes à Lumut, Pangkor Marina.
Ile de Pangkor, la marina est en face.
Nous y retrouvons Kahuana rencontré à Kuah. Mais avant d’aller vers eux nous devons aller à l’hôpital.
Eric en plongeant à Penang a rencontré une méduse un peu trop affectueuse et son avant-bras droit est brulé, rouge et enflé.
Ce sont Sewali et Andy qui se proposent de nous y emmener. Reçu aux urgences, son cas est pris très au sérieux et les petites infirmières veulent le garder 5 jours pour 3 injections d’antibiotiques par jour. Nous marchandons un peu et nous repartons avec des médications par voie orale et la promesse de revenir si quelque chose ne va pas. Ce que nous ferons 2 jours plus tard pour un changement de traitement et obtenir des comprimés pour dormir. En route en voiture de location pour Ipoh et les Cameron Highlands. Nous espérons trouver de la fraîcheur, nous souffrons toujours beaucoup de la bourbouille.
Ipoh fut une ville riche appréciée des Chinois qui avaient fait fortune.
Elle est à présent connue pour sa très belle gare où fut tournée une scène du film “Indochine”.
Les “Cameron Highlands” en altitude sont réputés pour leur plantation de fraises sous serres…
et plantations de thé.
la ville n’est pas belle, on dirait une station de ski construite à la va vite. Beaucoup de jeunes Back Packers prêts pour les randonnées dans les vallées.
Il pleut, enfin il fait frais! Retour par l’ancienne ville royale de Kuala Kangsar.
Istana.
La ville.
Ancien Istana du Sultan.
3,47 MYR pour les étrangers, 2,05 MYR pour les locaux.
Port Dickson, 15 juin. Nous retrouvons Marisol, Inga et Norbert rentrent de Malacca en Grab. Très enthousiastes de leur bref séjour.
Malacca. Comme nos amis, nous décidons de prendre un Grab, un Uber, pour nous rendre à Malacca. Pendant une heure et demie avec notre chauffeur nous allons parler cuisine! Eric a très bien choisi l’hôtel en plein centre historique. Le “Baba House”. Une histoire riche pour cette ville: les aborigènes, les pêcheurs et les agriculteurs, les Portugais, les Hollandais, les Anglais, les Chinois, les Indiens et même les Malais. Des siècles durant, on s’entretue pour les épices. Puis Singapour et Penang prennent la relève et Malacca tombe dans l’oubli. La ville renaitra grâce au tourisme. En 1985 le docteur Mahathir décide d’en faire “The City” , la ville historique de Malaisie (et redonne du même coup leur dignité aux descendants des colons occidentaux qui avaient sombré dans la misère). (Malaisie Singapour, le Petit Futé ) Dernière soirée chez les Portugais. Nous assistons tout d’abord à une procession entre 2 maisons. La vierge Marie est déplacée dans sa stalle en bois vers une autre famille, elle restera là 3 jours puis sera à nouveau déplacée pour être accueillie un peu plus loin. Nous nous joignons aux quelques personnes qui prient puis bavardons avec ceux qui ont le temps. Ils sont descendants de Portugais, regroupés dans le même quartier, entre eux ils parlent anglais ou un sabir portugais,le papia kristang, peut-être la langue du XVIème siècle. Nous faisons honneur aux plats dans le restaurant Numéro 10 vanté par un rabatteur bien sympathique. Quel plaisir d’évoquer le Portugal qu’ils ne connaissent pas d’ailleurs mais ils ont bien l’intention d’y aller un jour.
L’enjeu de Malacca; émission: Le dessous des cartes | ARTE
https://youtu.be/HFHpGXs1X2c?si=vSIC6YVUula3vPkE.
Pour couper notre route et ne pas naviguer de nuit parmi les gros cargos, Eric choisit 2 escales : Muar et Batu Pahat.
Muar. Sur les instructions nautiques il est écrit 2.50m de tirant d’eau maximum, c’est une rivière et à l’embouchure il y a comme un seuil. Nous, nous pouvons remonter la dérive jusqu’à ne plus mesurer que 1.04m. A notre entrée dans la chenal le sondeur affiche 1.70 au plus juste, par prudence nous suivons les ferries qui font la navette entre Muar et Batam en Indonésie et nous découvrons la ville. Quelques beaux bâtiments du temps de la splendeur de Muar et un ponton magnifique pour accoster. Ponton dont nous nous faisons déloger 2 h plus tard par la police. C’est le ponton que s’est octroyé le sultan après la fermeture de la marina. Mouiller n’est pas aisé dans cette eau boueuse à fond de vase qui ne croche pas. Il fait nuit et à la 4ème tentative l’ancre accroche bien.
Batu Pahat après quelques heures de navigation de nuit. Il faut trouver les balises vertes et rouges à l’estuaire de la rivière. Grâce à l’application Donia nous remontons quelques nautiques et mouillons devant un tout petit débarcadère pour pêcheurs. Devant nous un mur de lumières de gros bateaux, gros enfin tout est relatif, nous pensons à un chantier, non c’est un port de charge et décharge. Les bateaux indonésiens en bois viennent livrer des centaines de noix de coco à la Malaisie. Au matin nous avons notre petit succès lorsque nous remontons la rivière dans notre annexe.
Manifestement la dame de l’immigration n’est pas habituée à enregistrer un voilier. Elle appelle son chef plusieurs fois et ça dure et ça dure. Nous sommes ravis du choix de restaurant, un dimanche ce n’est pas aisé. Kiri la propriétaire, chinoise, est adorable, nous prend en photo, imprime les photos et nous les donne. Ce que nous ne savons pas encore c’est que nous allons revenir à Batu Pahat…Au retour à bord ce sont des crocodiles que nous découvrons sur la berge, il parait même, dixit Eric, qu’il y en a un qui a tourné autour de l’annexe. Crocodiles paresseux, varans, hérons, marabouts, singes…
En route vers Singapour.
Puteri Harbour. Pine Tree Marina. Quelle chance d’avoir Inga et Norbert, à bord de Marisol, déjà arrivés dans la marina car aucun de nos mails, ni de nos appels VHF, ni WhatsApp n’ont eu de réponse. Pile à 18h nous sommes à quai. Nous nous méfions de toutes les manœuvres de ponton car les locaux qui doivent s’emparer des aussières bloquent le bateau sans le laisser avancer ou nous font partir de travers ce qui a valu à Inga de passer à l’eau.
Sewali et Andy sont sur le départ, nous espérons les retrouver un jour, ils ont le même programme que nous.
A l’office de la marina, nous avons un problème d’enregistrement de Manevai.
Il nous manque un papier. Bien que nous soyons toujours en Malaisie du fait que nous changeons d’État il faut déclarer notre sortie et déclarer notre entrée dans le nouveau. Nous décidons de louer une voiture mais le premier loueur refuse le permis international d’Éric qui est écrit en français. Le lendemain nous avons le loueur et la voiture.
2h de route aller et nous nous pointons chez un agent maritime. La patronne nous regarde, incrédule comme si des Martiens débarquaient*. L’équipe est très sympa, cherche comment nous aider, appelle les douanes, nous demande de revenir avec notre voilier dans la rivière, refus de notre part, cela changerait quoi. Il y a plus d’une journée de mer entre Puteri et Batu Pahat. Nous retournons au restaurant de Kiri. Durant l’après-midi nous sentons bien que l’enthousiasme de l’équipe diminue. Le papier manquant est un oubli de Kuah, on ne va pas non plus retourner à Kuah pour une feuille qui pourrait être envoyée par mail. Il nous faut repartir, c’est l’heure de la prière pour la responsable du bureau. Elle va faire ses ablutions, lorsqu’elle revient, elle se démaquille dans le coin installé derrière 2 armoires et elle enfile un voile bleu ciel par-dessus son voile marron. Elle veut nous dire au-revoir mais refuse de paraitre sur la photo que nous prenons de nous tous. Nous rentrons bien préoccupés, comment allons-nous faire? Le lendemain Eric retourne au bureau pour apprendre que le dossier aurait pu être complété par la personne à l’accueil. Il a voulu nous enquiquiner et il a réussi. Est-ce son chef qui lui a demandé de terminer ce dossier? Est-ce Syfun, son adjoint, qui a plaidé en notre faveur?
Ouf, nous sommes en règle, nous allons pouvoir penser à autre chose. Réparer quelques trucs cassés pour Eric, continuer la couture pour moi. Et préparer notre séjour à Singapour.
Singapour, tout le monde connait mais nous nous avons eu nos guides particuliers. Sophie et Xavier nous attendaient pour déjeuner, nous ont emmenés dans un délicieux restau chinois et nous ont raconté leur Singapour, leur vie depuis 16 ans dans cette ville. Nous nous sommes retrouvés le soir pour diner chez eux.
3 jours à arpenter cette Cite État, indépendante depuis 1965. Quartier des affaires, quartier chinois, indien, malais,…qui ont failli disparaitre, reconstruits ou rénovés. Notre hôtel est sur Boat Quay , ne sert pas de petits déjeuners et comme les Singapouriens, nous les prenons à l’extérieur.
Singapour, Singa: lion. Pura: ville. Faisons commencer son histoire à l’époque de son fondateur Sir Thomas Stamford Raffle …1811 nomme gouverneur de Sumatra. 1819 il débarque à Singapour qu’il imagine comme tête de pont pour faire face à l’influence grandissante des Hollandais. 1000 habitants: Pêcheurs malais, chinois et quelques aborigènes. 1821 Singapour devient un port franc ce qui attire immédiatement des commerçants. 1822, 5000 habitants principalement des Chinois immigrés. Il établit les structures de l’île, installe les différentes ethnies par quartiers. 1824, 11000 habitants (Chinois, Malais, Indiens, Arabes et Européens).
Autre personnage important plus proche de nous. Lee Kuan Yew, premier ministre pendant 30 ans à partir de 1959. Une main de fer dans un gant de velours, tiens on a déjà entendu ça.
Il veut insuffler une pensée singapourienne, une cohésion entre les différentes communautés et lancer des industries. De 2 enfants maximum par famille imposé en 1972, on passe à 3 ou à plus si les moyens financiers le permettent.
Le successeur, lui, cherchera à assouplir les règles de vie, à moderniser l’image de Singapour, à faire entrer l’Art dans la ville sans oublier le business. Ici on ne peut prendre que 18 jours de vacances par an.
Place financière au niveau mondial, son économie repose sur le travail de centaines de milliers de travailleurs étrangers. En 2018, elle était la 4ème place financière au niveau mondial.
Nous circulons en métro ou à pied. Nous cherchons à retrouver nos souvenirs de 2006 mais beaucoup de choses ont changé même les quartiers indien, chinois ont été nettoyés. Un régal quand même de déambuler, pas de stress ici, mais du travail pour tout le monde. Beaucoup de voitures alors qu’elles sont si chères à l’achat (pour en limiter le nombre). Un après-midi pour trouver des câbles pour le nouveau chargeur entre le quartier indien et le quartier chinois. Des merceries à gogo chez les Indiens et des tissus, des tissus…
Nous avons aussi réservé nos entrées pour le parc Gardens by the bay, jardin national des orchidées, musée d’Art et la Science, Musée des Civilisations Asiatiques…Nous aurions pu ou dû rester plus longtemps tant il y a à voir, à vivre pour se sentir Singapourien.
Retour en métro et en bus vers Johor Barhu en Malaisie où nous attend notre maison flottante.
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Pour aller aux toilettes pensez à votre rouleau de papier. Il n’y a pas souvent de rouleaux dans les toilettes. Mais il y a une douchette à votre main droite. Pas encore très habile avec le maniement de la douchette avec la main droite, la gauche est impure. (Les Gauchers transgressent-ils la religion?). A défaut d’avoir le fondement bien propre, mes semelles de claquettes, elles, sont nettoyées!
* Il est vrai qu’étranger en malais se dit : Orang Asing. Et si vous isolez l’adjectif Asing il se traduit par Extraterrestre.
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