Incroyable nous sommes au Japon !
Nous y sommes arrivés après 5 jours de navigation, le passage du Détroit de Luzon a été un peu musclé sous trinquette et deux ris mais Manevaï s’est bien comporté. Nous avons malheureusement dû renoncer à Taïwan. Pour cause de fête nationale et toutes les administrations étant fermées, il nous aurait fallu tourner devant Hualien pendant un jour et deux nuits dans une météo incertaine. Dommage !
La côte japonaise s’est dévoilée à nous à la lumière du Soleil Levant. Nous étions 6 sur cette route de 500 nautiques et de temps en temps par VHF échangions nos impressions.
Et tout ce petit monde a fait tête à Ishigaki, sur l’île d’Ishigaki, province d’Okinawa. Premier stop non prévu initialement mais impératif vu le coup de vent qui s’annonçait. Nous avions annoncé arriver à 12h à quai, nous y étions à midi pétantes.
Une quinzaine d’officiels nous attendaient, plus Iroki, notre agent délégué. 90 minutes pour les paperasses : quarantaine, douanes, port, immigration un dimanche ! D’abord prise de température… frontale. Puis photos du skipper avec son passeport, puis mon tour, et photo de l’écran retraçant notre route. Des petites Japonaises avec des lingettes nettoyaient les cloisons, ou plutôt prélevaient des traces de substances illicites on suppose. Nous avons pu garder notre riz contrairement aux autres le lendemain. Œufs, fruits et légumes ont quitté le bord. L’alcool et le vin ont été vaguement comptés. Ouf ! Mais recomptés quelques jours plus tard, trop de bouteilles donc une petite taxe à régler aux autorités.
Nos passeports ont été tamponnés et le douanier nous a remis le “Naikosen”, le fameux permis indispensable pour naviguer dans tous les ports du Japon, sans avoir à rendre compte à quiconque des légumes et fruits embarqués à la précédente escale.
Mais qu’allaient-ils faire de nous ? Nous étions à présent 6 voiliers dont 4 avec enfants demandant l’hospitalité pour quelques jours.
Ishigaki n’est pas prévu pour recevoir des voiliers, pas d’eau, pas d’électricité sur le quai, pas de service de poubelles. C’est un grand port morcelé en bassins et c’est le port principal des Gardes-Côtes. La veille du coup de vent, les 4 familles ont enfin été mises à l’abri dans une rivière et nous, les BDA, les bateaux des Anciens, avons pu rester contre le quai. Mais les discussions avec le maître du port ont été longues, très longues, toujours menées avec le sourire.
Nous nous sommes mis en quête de cette fameuse planche de bois qui doit préserver nos pare- battages des coquillages agressifs bien implantés sur les murs d’amarrage. Nous avons acheté du tuyau d’arrosage pour protéger nos aussières du ragage sur les arêtes du quai. Et nous avons porté une aussière très loin sur un quai à 90° pour rester écartés du mur. A marée basse la difficulté était de monter ou de descendre le long de la paroi.
La gentillesse des Japonais. Nous avons cherché des pare-battages plus costauds, ils nous ont été offerts par la coopérative des pêcheurs. Un matin de pluie alors que je partageais un parapluie avec Eric, un monsieur a absolument voulu m’offrir le sien, d’accord il était un peu endommagé. Pour faire nos courses alors que nous n’avions pas encore de carte Sim, donc pas de traducteur, nous demandions des renseignements aux clients qui nous mimaient par exemple le cri du cochon pour expliquer que la viande choisie était du porc. A la laverie nous ne savions pas si l’eau serait chaude ou froide au programme choisi, un jeune a bien voulu nous aider et son application a traduit quelque chose avec « Picachu » dans le texte, nous avons éclaté de rire. Au résultat nos vêtements ont été lavés à froid. Dans une laverie il y a beaucoup plus de sèche-linges que de lave-linges. A croire que les vêtements sont lavés à la maison et séchés dans le local, peut-être parce que la saison ne permet pas un séchage correct dans les appartements. Dans un restaurant le menu était intégralement en japonais, heureusement avec photos, un client parlant anglais nous a expliqué les plats et les choix que nous pouvions faire.
Et oui nous avons changé de pays, changé de système météo en 5 jours. Nous sommes revenus à des températures plus fraiches, des ciels gris et de la pluie. L’eau de mer est à 21 °. Nous avons troqué nos tee-shirts et maillots de bains contre des pulls et des pantalons.
Nous avons pu nous évader dans une petite île Taketomi, recommandée par Yoko et Patrice (rencontrés à Sunset bay). A 15 mn de ferry. Climat subtropical ! Eaux couleurs lagon, plages de sable blanc. Mais en mars ici, c’est aussi l’hiver.
Sur l’île peu de voitures, des vélos ou des buffles pour se déplacer, pas de police. Les maisons en pierres et bois toutes protégées des vents par des appareillage de blocs de corail. Nous avons admiré les bougainvillées et d’autres plantes fleuries en abondance.
Cette île idyllique est habitée depuis plus de 1000ans mais ce n’était pas le meilleur endroit pour subsister. Étant trop sèche pour la culture du riz les villageois devaient nager (ramer), pendant plusieurs heures jusqu’à Iriomote pour aller s’occuper de leurs champs de riz et passer la nuit à Yubu à proximité pour éviter les moustiques paludéens d’Iriomote. De nos jours, le paludisme est éradiqué, le riz est importé et l’île cultive les touristes à la place…
Lions Shisa.
Le cimetière et ses tombes monumentales devant lesquelles est toujours prévue une terrasse qui permet à la famille des défunts de se retrouver et de piqueniquer en toute tranquillité.
Nous avons arpenté la ville d’Ishigaki, 50 000 habitants, pratiqué les supérettes (où les fruits et légumes sont tous emballés, quelquefois un par un), le magasin de bricolage, le charpentier. La délicieuse boulangerie « française ».
Une belle maison.
Le tissage de la soie.
Lions Shisa.
Le dernier soir, nous avons découvert le restaurant GEN grâce à Aki rencontrée la veille et nous nous sommes régalés.
Ensuite tous les 6, nous avons quitté Ishigaki pour Yonabaru, île d’Okinawa.
A bientôt pour la découverte de Yonabaru, Naha.